Publié : 25 août 2016

Vérité première

Premiere voirtè

Jean-Marie Moine, Arc Hebdo août 2016

Premiere voirtè

I me s’vïns qu’ tiaind qu’ nôs allïns dâs Mont’gnez è Çhoérimont, tot comptant aiprès lai dyierre, nôs s’ râtïns po boire ïn voirre tchie ènne véye dgen, tchie lai Conchtainche, que t’niait ïn p’tét bichtrot. Chus tchétçhe tâle, è y aivait yun obïn dous ceindries qu’ poétchïnt tus ènne ïnchcripchion. Yènne de ces ïnchcripchions m’ ébâbéchait : « Ç’tu que n’ fait p’ de dô-bries n’ ât p’ che saidge qu’ è l’ crait ». I n’ sais p’ che mit’naint, les dgens craiyant qu’ po étre saidge, è fât faire des bétiges. En tot câs, è n’ s’ en prevant p’. I me d’mainde bïn ch’vent, taint i seus chorpris poi les sïndgèchques l’ aidgéch’ments d’ nôs dgens, ch’ ès l’ faint échqueprès, obïn ch’ ès sont malaites… È s’ bïn musaie en çoli, an n’ aittairdge pe è compâre qu’ les réjons d’ totes ces noériann’tès, ç’ ât l’ aitche (l’appât) des sôs, d’ lai bat-gonçhe, pe de c’té d’ l’ éffront’rie. És Échtats-Eunis, ïn beûjon d’ pairaitchoitichte s’ ât tchaimpè è i n’ sais p’ dâs cobïn d’m’yiéyies d’métres, sains pairaitchoi, po s’raittraipaie c’ment qu’ ïn poûechon dains ènne soûetche d’ époujatte ! È Dzurich, àt-ç’ qu’ an ont p’ vu ïn échpèche d’ énèrgoumènne, qu’ se prend po ïn évoingnou, oûejaie échquepôjaie des étrons ? En Lai Tchâ-d’ Fonds, des poyititçhâs oûejant braigaie sains voirgangne tot ç’ qu’ ès faint d’ bé po note vèlle, mains ès rébiant d’ dire qu’ èls aint léchie paitchi vés Neûtchété totes les vrâs valous qu’ nôs aivïns : hôpitâ, hâtes Écôles, … Ah, i rébiôs d’dire qu’ nôs raiméssans le chni d’ tos les yûes des aleintôs. Les Jurassiens, yôs, n’ sont p’ en réchte… : an les ont vu envôjaie l’ poûessèyè d’ Poérreintru, faire des olyïmpyades è D’lémont ; an ont vu échquepôjaie i n’ sais p’ qué quasmedire évoingnou l’ ôvrâ, dains l’ véye môtie di Nairmont, che bïn qu’ des tchïnnois touérichtes en feunent ïndignies ; bïntôt an varront nôs Taignons rempiaicie yôte loudgique d’éy’vaidge des tchvâs poi ènne loudgique de maîrtchie ! Mon p’tét Jura, moinne-te pyaîn ! Aîdjoûe, Vâ Fraintches-Montaignes, vôs poérïns piedre vôte aîme ! Sains aîme, vôs étes viès è péryuni ! Ci Victor Hugo aivait bïn dit que ç’tu qu’ eur’dgeannait les âtres dev’niait ïn vrâ sïndge (vôs voîtes c’ment qu’ tot çoli ennôbyât !) I r’bèye âdgd’heû lai pairôle en ci braîve chirudgien Juillard de Poérreintru qu’ nôs bèyait des y’çons d’ oujliène (hygiène) en lai Normâ l’ Écôle po vôs dire, en vôs, ç’ qu’ è n’ râtait p’ de nôs raibaitchie. « Premiere voirtè : hann’lâ bétige ! » J-M. Moine

Vérité première

Je me souviens que lorsque nous allions de Montignez à Florimont, immédiatement après la guerre, nous nous arrêtions pour boire un verre chez une vieille personne, chez la Constance, qui tenait un petit bistrot. Sur chaque table, il y avait un ou deux cendriers qui portaient tous une inscription. Une de ces inscriptions m’ébahissait : « Celui qui ne fait pas de bêtises n’est pas aussi sage qu’il le croit ». Je ne sais pas si maintenant, les gens croient que pour être sage, il faut faire des bêtises. En tout cas, ils ne s’en privent pas. Je me demande bien souvent, tant je suis surpris par les agissements simiesques de nos gens, s’ils le font exprès, ou bien s’ils sont malades… A bien réfléchir à cela, on ne tarde pas à comprendre que les raisons de toutes ces imbécillités, c’est l’appât de l’argent, de la vanité et celui de l’effronterie. Aux Etats-Unis, un nigaud de parachutiste s’est jeté de je ne sais combien de milliers de mètres, sans parachu-te, pour se rattraper comme un poisson dans une sorte d’épuisette ! À Zurich, n’a-t-on pas vu une espèce d’énergumène, qui se prend pour un artiste, oser exposer des étrons. ? À La Chaux-de-Fonds, des politicards osent vanter sans scrupules tout ce qu’ils font de beau pour notre ville, mais ils oublient de dire qu’ils ont laissé partir vers Neuchâtel toutes les vraies valeurs que nous avions : hôpital, hautes Écoles, … Ah, j’oubliais de dire que nous ramassions le « cheni » de tous les lieux des alentours. Les Jurassiens, eux, ne sont pas en reste… : on les a vus emballer le sanglier de Porrentruy, faire des olympiades à Delémont ; on a vu exposer je ne sais quelle soi-disant œuvre d’art, dans la vieille église du Noirmont, si bien que des touristes chinois en furent indignés ; bientôt on verra nos Francs-Montagnards remplacer leur logique d’élevage du cheval par une logique de marché ! Mon petit Jura, fais attention ! Ajoie, Val de Delémont, Franches-Montagnes, vous pourriez perdre votre âme ! Sans âme, vous êtes voués à péricliter ! Victor Hugo avait bien dit que celui qui imite les autres devient un singe (vous voyez comment tout cela ennoblit !). Je redonne aujourd’hui la parole à ce brave chirurgien Juillard de Porrentruy qui nous donnait des leçons d’hygiène à l’Ecole Normale pour vous dire, à vous, ce qu’il ne cessait de nous rabâcher. « Vérité premiè-re : bêtise humaine ! » J-M. Moine